diocèse de Luçon

REPORTAGE
Témoins de la Paix

Témoins de la Paix du Seigneur

La fête de la Nativité célèbre la naissance de l’Enfant Jésus, Prince de la Paix, qui vient apporter la paix au monde. La venue du Christ, au coeur des ténèbres de notre monde, est comme le signe de l’inauguration du royaume de Dieu, un royaume de paix. ‘Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’il aime !’, chantent le choeur des anges et les fidèles au milieu de la nuit de Noël, à l’annonce de la naissance de Jésus, le sauveur tant attendu. Le Seigneur invite donc chacun à recevoir cette paix et à en vivre chaque jour. C’est ce que témoignent ici plusieurs personnes interrogées : prêtre ou laïcs, dans leurs différents engagements, ils s’attachent à être témoins de la Paix du Seigneur.

« ‘Auprès des personnes qui n’ont rien, vivre la paix et la charité’»

« Durant les maraudes, auprès des personnes sans-abri, le mot que je rapprocherais le plus de la notion de Paix du Seigneur est la simplicité, sur fond de charité. Ainsi, je ne demande rien aux bénévoles mis à part leur bienveillance, leur enthousiasme, et de venir tels qu’ils sont, sans artifice. Je dirais que c’est grâce à cela que nous pouvons avoir des conversations aussi simples avec les personnes que nous rencontrons, telles que la météo, nos études, ou simplement savoir comment ils vont. Cette simplicité est la mère de toutes les vertus inhérentes aux maraudes, comme l’humilité ou la patience. Ainsi, tout cela nous permet d’avoir des conversations insouciantes avec les sans-abris, les divertir, les faire sourire ou simplement réchauffer leur coeur, en plus de leur estomac grâce au café. Concrètement, nous sommes témoins de la Paix dans les maraudes lorsque nous prenons du recul sur les liens que nous tissons avec les personnes. En effet, des liens amicaux se créent, et un climat de paix règne dans toute la ville, où il nous arrive de croiser ces personnes en dehors des horaires des maraudes, et discuter avec elles, comme nous pouvons le faire avec n’importe quel ami. Ainsi, les inconnus de tous nous deviennent connus et amicaux. De plus, nous sommes parfois étonnés par la simplicité des personnes que nous rencontrons, qui ne demandent rien, pas même de l’argent mais sont en revanche toujours très heureuses de discuter avec nous, cela les aide selon eux-mêmes à penser à d’autres choses que leur condition et leurs soucis. Et c’est cela que j’appellerais la paix, pouvoir permettre à ces personnes de s’échapper de leurs pensées négatives et prenant simplement le temps de les connaître.
Il y a plusieurs paroles qui me guident : en premier lieu, la prière de Saint Vincent de Paul ‘Ô Dieu Sauveur, donnez-nous l’humilité’. Nous récitons cette prière avant chaque maraude, afin de demander au Seigneur d’ouvrir nos coeurs et afin que nous soyons dans de bonnes conditions pour rencontrer les gens que nous allons croiser. Et puis, la parole qui est très importante est le 5e chapitre de l’Evangile selon St Matthieu, qui est une leçon de charité et d’humilité que nous donne Jésus. Enfin, la dernière parole qui m’importe beaucoup dans mon engagement se trouve dans Saint Matthieu (21, 28-32), où Jésus explique que les plus faibles, les plus rejetés et même les plus misérables peuvent nous précéder tous dans le Royaume de Dieu. En effet, qui sommes-nous, dans une situation confortable, pour juger une personne totalement dépossédée, sans comprendre ce qui lui est arrivé ? Je relie aussi beaucoup cette parole à une autre de l’Evangile de St Matthieu (19, 23-30), où Jésus dit « [qu’]il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu ».
Quelle peut-être l’attitude spirituelle pour accueillir le prince de la Paix qui vient à Noël ? Je pense qu’il est nécessaire de se préparer en exerçant les trois vertus que sont la Foi, l’Espérance et la Charité, l’Avent étant la période propice pour les trois. En effet, nous attendons (Espérance) le fils de Dieu, autrement Dieu qui se fait homme, naissant de la Vierge Marie (Foi) dans une étable (Charité). Ainsi, chacun se prépare comme il le souhaite, mais il me semble important de se préparer en compagnie de ceux qui n’ont rien, comme le Christ était lors de sa naissance. C’est pour moi la meilleure façon de rendre hommage au Bon Dieu et de se préparer concrètement à la venue du Messie ».

Côme Gualbert, étudiant, responsable des maraudes à la Roche sur Yon (les lundis, mardis et jeudis midis), en lien avec la société Saint Vincent de Paul.

‘Je vous donne la paix, je vous donne ma paix’

 

« Cette Paix du Christ traverse-t-elle les murs de la prison ou est-ce une gageure d’essayer de l’y trouver, de la vivre ?
Lorsque j’entre dans ce lieu, chose surprenante peut-être, je suis en paix, sans crainte, ouverte à ce qui se vivra., me laissant portée avec l’aide sûrement de l’Esprit Saint.
Entrer dans ce monde fermé, c’est aller à la rencontre de ceux qui ont « cassé » d’autres personnes et qui vivent eux-mêmes des « cassures » « petites ou grandes morts » et c’est ainsi être témoin de cette soif de se relever, de renaître, de trouver la Paix.
Aller à la rencontre, c’est regarder la personne au-delà de ses actes, se laisser déposséder de ses idées reçues ; c’est cheminer avec, en confiance, être vrai. Etre en paix avec soi-même.
Je suis moi, simplement moi, avec mes certitudes, mes doutes, ma foi. Mais je peux essayer de leur apporter, partager cette certitude qu’ils sont aimés de Dieu, que ce chemin qu’ils prennent, reprennent pour aller à sa rencontre est source de Paix. Paix, guérison reçue lors du sacrement de réconciliation mais permise parce que rencontrée, apprivoisée au long des rencontres individuelles du vendredi ou en groupe le dimanche lors des temps d’échanges, Bible et célébrations. Parce qu’ils s’accueillent, parce que nous nous accueillons, simplement, dans le respect de chacun, en étant vrai, nous « prenant » là où nous en sommes, ces temps sont de vrais moments de communion, de paix et comme ils disent de liberté intérieure.
N’est-ce pas la paix lorsque l’un d’eux dit : « J’ai failli, des démons à bannir. Mais dans la pauvreté, ici, une Autre Présence. Ici, à l’aumônerie, un cheminement, des liens avec d’autres… ça aide. Dans la Bible toujours une main tendue… Je suis un homme nouveau »
Ou un autre : « Ici, on vit quelque chose de vivant, chacun a fait ce qu’il a fait… on s’accueille, se remet en question, une confiance entre nous, chacun avec ses convictions, sa foi, on ne sait pas où on va mais l’Espérance est là »…