Guylen Coutansais

A l’occasion de plusieurs moments de la Traversaine cet été en Vendée, elles seront en tête de procession. Elles, ce sont les magnifiques bannières des saints, brodées par les mains en or des membres de l’association ‘Bannières 2000’. Guylen Coutansais, qui réside à Mareuil sur Lay, fait découvrir l’art de cette broderie, pas comme les autres…

Passer entre 4 et 6 mois à confectionner une bannière d’un saint le rend forcément très familier ! Comme des compagnons de route, ils nous montrent le Ciel, et nous entraînent à la suite du Christ. « Là où les saints passent, Dieu passe avec eux », disait le saint Curé d’Ars. « Cette parole me guide beaucoup dans mes réalisations. Lorsque je vois une procession avec ces bannières et ces saints représentés dessus, je me dis que c’est le Ciel qui se découvre ainsi », explique Guylen Coutansais avec enthousiasme.

De Carlo Acutis, le plus récent, à Saint Jean-Paul II, si lumineux avec ses bras ouverts, en passant par les martyrs des Lucs sur Boulogne : la foule de ces té­moins du Christ aux visages souriants ne laisse per­sonne indifférent. Fruits d’un vrai travail d’équipe, de patience et de savoir-faire, les bannières sillonnent désormais la France et donc la Vendée, au gré des processions et fêtes patronales diverses. L’associa­tion ‘Bannières 2000’, basée à Paris, et consacrée à la Vierge Marie, compte des dizaines de membres, aux quatre coins de la France, de tous âges et de toutes origines. « Il y a vraiment une belle diversité chez les brodeuses », se réjouit Guylen.

Mais comment a débuté cette belle aventure ? Tout commence en 1996, lors de la venue du pape Jean- Paul II en France. Un grand moment pour l’Eglise ! Cette même année est aussi l’année des vierges pèlerines et dans ce cadre, Guylen, qui habite alors Paris avec son époux et ses trois enfants, reçoit une statue de Notre Dame du Liban. Avec quelques amis, elle décide ensuite de se rendre à Medjugorje. « Là, j’ai ressenti qu’il fallait que je mette en oeuvre le talent que j’avais reçu, ‘celui de savoir faire quelque chose de mes dix doigts’, comme disait ma maman lorsque, petite fille, j’étais déjà très attirée par les travaux d’aiguille ! », raconte Guylen, en riant. Comme « rien ne se passe par hasard », elle contacte l’asso­ciation ‘Bannières 2000’, née officiellement cette an­née-là. On lui confie alors une première réalisation, celle de sainte Barbe. « Elle n’était pas vraiment ma sainte de prédilection, mais c’est bien la première que j’ai réalisée ». Elle découvre le travail minutieux et patient pour confectionner une bannière : à partir d’une iconographie, un travail de calque, puis la bro­derie, pendant de très longues heures et d’innom­brables journées. « Toutes les bannières sont bro­dées à la main, dans le silence et la prière », précise Guylen. L’unité est de mise également, que ce soit pour le tissu en satin ou les dimensions, seuls les personnages changent. Les bannières sont la pro­priété de la brodeuse qui les prêtent si besoin, dans les paroisses ou les diocèses qui les reçoivent pour des évènements ou fêtes religieuses.

L’évangélisation par le beau

Depuis le début, Guylen a réalisé une vingtaine de bannières, dont plusieurs particulièrement mar­quantes : celle du pape Jean-Paul II, à partir d’une photo bien connue. « Avec son visage souriant, il ouvre les bras, et nous dit : ‘N’ayez pas peur !’. Oui, il ne faut pas avoir peur de témoigner de notre foi ! Notre souci, c’est l’évangélisation par le beau, la beauté par l’image. Nous pensons que la beauté élève l’âme, c’est pourquoi nous travaillons dans ce but. Que les bannières qui portent les visages de nos saints attirent l’oeil et que les gens qui assistent à une procession se posent des questions », explique-t-elle. Se définissant volontiers comme « une femme de l’ombre », elle estime que ces bannières sont un beau moyen de « travailler pour le Ciel », mais aussi témoigner de la foi qui l’anime, notamment auprès de ses petits-enfants. « J’ai brodé quelques bannières pour certains de mes petits-enfants, les autres existaient déjà », précise-t-elle. « C’est tou­jours avec une grande émotion que je vois les ban­nières flotter au vent lors de procession et je pense alors aux nombreuses brodeuses qui ont mis tout leur coeur dans ce magnifique travail ».

« Désormais, mon souci est de transmettre ce sa­voir-faire, à quelqu’un qui prenne la relève », ajoute cette femme dynamique, qui prépare aussi le pas­sage de la Traversaine cet été à travers la Vendée. « Beaucoup de bannières des saints vendéens se­ront présentes pour accompagner la statue de Notre Dame de France qui sillonnera les routes à partir du 15 juillet. Plusieurs paroisses vendéennes ont ainsi une bannière avec leur saint patron dessus. Toutes ont été bénies par les prêtres. Les premières fois où mes bannières sont sorties, c’était lors des pre­mières processions le 14 août, veille de l’Assomp­tion, à Luçon avec le père Bassompierre, alors curé de la cathédrale ». Guylen se réjouit de voir que les saints vendéens seront présents pour entourer la Vierge Marie. « Nous allons montrer que la Vendée est prête ! », dit-elle joyeusement. En attendant, elle se prépare pour le 19 août prochain : ce jour-là, en l’église du Sacré Coeur à la Roche, Mgr Jacolin consa­crera officiellement le diocèse aux doubles Coeurs de Jésus et de Marie !.

Anne Detter-Leveugle