Le Congrès national des éditeurs et des libraires chrétiens se déroule les 30 juin et 1er juillet à la Roche sur Yon. Un rendez-vous qui va permettre de réfléchir sur les nouveaux marchés, les nouveaux lecteurs, dans ce secteur en plein essor ! Pierre-Yves Camiade, gérant de la librairie Siloë, et membre du syndicat des libraires de littérature religieuse, en est l’organisateur. Il évoque les thèmes étudiés lors de ces deux jours de rencontres.

1/ Quel est l’état du marché de l’édition et du livre religieux aujourd’hui en France ?

Nous avons retrouvé les habitudes précédant le Covid, ce qui est déjà une très bonne chose ! La production de livres chrétiens est repartie à la hausse : chaque année, plus de 3 000 ouvrages chrétiens paraissent ! Il y a quelques années, nous en avions 1 200… Cette augmentation importante n’est pas sans conséquences concrètes pour nous, libraires : par exemple, une nouveauté reste beaucoup moins longtemps mise en avant, environ 4 mois, et donc le temps pour qu’un livre ait un bon taux de réussite est beaucoup plus court !

Par ailleurs, dans le monde de l’édition chrétienne, plusieurs regroupements de maisons d’édition ont été opérés, et de plus en plus de petites maisons d’édition sont rachetées par des grands groupes. Il semble donc opportun, tous les deux ans désormais, de réunir libraires et éditeurs du monde religieux pour échanger ensemble.

2/Justement, quels sont les nouveaux lecteurs ? Et quelles nouvelles demandes émergent ?

Nous voyons dans nos librairies un grand nombre de familles, de jeunes, qui viennent chercher des ouvrages bien précis. Ces lecteurs achètent pour eux-mêmes et pour leurs enfants. Ils ont plutôt un profil de cadre et de citadin, là où il y a quarante ans, on retrouvait plutôt cette tranche d’âge dans le monde rural et le monde ouvrier.

Ce public émerge dans un contexte de déchristianisation de notre société : il ne craint pas de se revendiquer catholique, cherche à témoigner et à argumenter sur la foi, se forme pour avoir les bonnes réponses à donner à ses contemporains. Tous ont un grand besoin de cohérence et d’unité de vie, autant sur le plan familial, que professionnel ou associatif. Ils se montrent exigeants sur la beauté de la liturgie dans les célébrations, c’est une réalité notamment dans les jeunes générations aujourd’hui. Il y a aussi une pratique religieuse en semaine qui émerge avec un nombre croissant de personnes qui se rendent à la messe, en plus du dimanche. Ils semblent assez indifférents aux tensions et divisions qui existent dans l’Eglise, et dépassent cela facilement.

Concernant les domaines qui les intéressent, les livres jeunesse pour les enfants, bandes dessinées sur les saints, mais aussi des livres de formation, de spiritualité ont leurs faveurs. Des livres de prières, à l’école de grandes figures de l’Eglise, sont aussi très prisés. Le bienheureux Carlo Acutis a la côte auprès d’eux. Sa vie leur parle beaucoup, cela les rejoint, c’est un modèle de sainteté qui a vécu au début des années 2000 et qui est très actuel, pour eux, comme pour leurs enfants.

Ils aiment aussi les témoignages, les conversions, tout ce qui est radical ! Le rayon sur ‘la vie de l’Eglise’ ne les intéresse pas particulièrement : la sociologie dans l’Eglise, les abus ou encore le synode sur la synodalité…

J’ajoute que des ouvrages écrits par des figures locales, comme le livre du père Jacques Gomart sur la place du prêtre aujourd’hui ou celui de l’abbé Airaud sur le père de Montfort rencontrent un beau succès actuellement !

3/Quel est le programme de ces deux jours de rencontres ?

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