Laurent Blanchet

LAURENT BLANCHET : « LE PATRIMOINE RELIGIEUX PERMET DE RASSEMBLER »

Président de l’Association de la chapelle Saint Brice, depuis 2016, à Sainte Pexine, également très investi avec son épouse dans la restauration de l’abbaye de Trizay, Laurent Blanchet oeuvre avec discrétion mais efficacité pour faire vivre le patrimoine religieux vendéen, auquel il est très attaché.

Les chants à la Vierge Marie s’élèvent avec ferveur dans l’Eglise de Moutiers sur le Lay. Ce vendredi 8 septembre, en ce jour de la fête de la Nativité de Marie, une joyeuse assemblée se retrouve pour découvrir un bijou restauré, dans une vitrine : une statue de la Vierge à l’Enfant, datant du XVIIIe siècle, découverte dans la chapelle Saint Brice.

Ce jour-là, en retrait, Laurent Blanchet ne cache pas sa joie, teintée d’émotion. Le président de l’Association de la chapelle Saint Brice, à quelques kilomètres de là, s’est en effet beaucoup investi, avec d’autres acteurs, pour que la statue retrouve tout son éclat. Dans son mot d’accueil, Laurent Blanchet rend d’abord hommage au père Gilles Hybert, décédé au début de l’année 2022. « Lors de sa retraite, à Moutiers sur le Lay, il s’est beaucoup investi pour la chapelle Saint Brice, et c’est là qu’il avait été ordonné prêtre en 1963. Il est à l’origine de la restauration de la statue de la Vierge en bois polychrome, qui logeait dans une petite grotte, à la chapelle Saint Brice ».

Début 2020, le projet est donc lancé, en parte­nariat avec le diocèse de Luçon, propriétaire de la statue, le département, représenté par Laurent Blanchard, conservateur des antiqui­tés et objets d’art de la Vendée, les communes de Moutiers sur le Lay et de Sainte Pexine, et la Fondation du patrimoine notamment, tous mobilisés pour « faire vivre cet objet d’art et d’histoire, un objet vivant qui fait sens », et fi­gure depuis 1974 sur la liste des objets classés aux Monuments historiques. Wilfried Boudé, conservateur-restaurateur d’objets sculptés à la Chapelle Hermier, est chargé de redonner à la statue son éclat.

En septembre 2021, la statue restaurée est présentée lors la procession et la messe pour les 300 ans de la grotte. Mais il était devenu incontournable de préserver cette belle Vierge à l’Enfant avec précaution, ce qui est désormais chose faite avec cette vitrine, découverte le 8 septembre dernier dans l’Eglise de Moutiers sur le Lay et bénie par le père Charles Augereau, prêtre auxiliaire dans la paroisse Mareuil-Sainte Hermine. « Marie a les mains toujours ouvertes pour nous accueillir », a rappelé le père Augereau.

Une aventure humaine et fraternelle

Laurent Blanchet, qui habite Sainte Pexine, se réjouit de ce moment fort pour les bénévoles et plus largement pour tous ceux qui se sont mobilisés. « C’est une belle aventure humaine, qui permet de rassembler, de vivre des moments de partage, de se mobiliser pour transmettre et prendre soin de notre patrimoine religieux ». Par ses attaches familiales, la chapelle de Sainte Pexine lui est chère, car sa grand-mère l’aimait beaucoup. « C’est un lieu important pour notre histoire familiale », confie-t-il.

Depuis plusieurs décennies, le lieu où se situe la chapelle a vu de nombreux pèlerins venir prier et recueillir de l’eau à la fontaine, réputée bénéfique pour les maladies du corps. Selon la légende, au Xe siècle, un moine du nom de Saint Bry serait venu en ce lieu pour y prier et s’isoler. Il aurait eu, au cours de ses prières, une vision de la Vierge Marie et aurait ensuite fait construire une grotte, décorée d’un autel où il plaça une statue de la Vierge. De là, jaillit ensuite un filet d’eau au pied de cette grotte. Des miracles de guérison en firent un lieu de pèlerinage très fréquenté dans le Bas Poitou pendant plusieurs siècles. L’Eglise de Sainte Pexine ayant été brulée lors des guerres de Vendée, elle n’a jamais été reconstruite (c’est le seul village de Vendée sans Eglise). Au milieu du XXe siècle, l’abbé Bethys entreprend de construire cette chapelle, à laquelle de nombreux paroissiens sont attachés.

L’association de la chapelle Saint Brice est née en 2016. Depuis, les bénévoles de l’association ne ménagent pas leur peine pour entretenir et restaurer le lieu, « ce que les anciens ont fait bien avant nous », précise Laurent. Une fresque, représentant l’Assomption de la Vierge, a ainsi été réalisée en 2018 par Pauline et Annie, deux bénévoles. Chaque année, pour le 15 août, une messe en plein air rassemble plus de 300 fidèles devant la chapelle, et un peu avant Noël, depuis 2017, une crèche vivante est proposée lors de deux représentations.

Pour Laurent Blanchet, « le patrimoine permet de rassembler », de s’inscrire dans l’Histoire. Avec son épouse, en parallèle de son travail dans le monde des affaires, il a repris, il y a trois ans, l’abbaye de Trizay, à Bournezeau, et y mène des travaux de restauration, comme cet été avec l’association Arcade. L’objectif est de l’ouvrir pour des propositions culturelles, comme pour les journées du patrimoine, les 16 et 17 septembre derniers. Cette ancienne abbaye cistercienne a été fondée au XIIème siècle par les moines de l’abbaye de Pontigny, puis a été transformée en exploitation agricole au XIXème siècle. « Mes arrières grands-parents y étaient fermiers ; c’est un lieu où l’on se sent bien, où l’on peut se ressourcer ». Des oasis plus que jamais nécessaires dans notre monde agité…

Anne Detter-Leveugle