diocèse de Luçon

REPORTAGE
Ordination Mgr Jean Bondu

« L’adoration n’est pas un luxe mais une priorité » : cette phrase de Benoît XVI résonne dans le coeur de nombreux fidèles, qui, régulièrement, prennent du temps pour venir prier devant le Saint Sacrement. Dans les paroisses vendéennes, l’adoration eucharistique se révèle comme une source de nombreuses grâces.

Ce rendez-vous hebdomadaire est marqué dans l’agenda de Véronique depuis plusieurs années maintenant. Cette mère de famille profite du lundi, un jour où elle ne travaille pas, pour se rendre à l’adoration dans sa paroisse : « Ce temps béni où je me retrouve devant Jésus-Hostie me donne tellement de joies que je ne le manquerai pour rien au monde ! C’est d’abord un temps où dans le silence, je suis entièrement donnée au Seigneur. C’est un moment privilégié, unique, où je me m’abandonne à Son amour, pour ensuite me laisser aimer par Lui ». Le saint curé d’Ars ne disait pas autre chose avec ces mots : « Il m’avise et je L’avise »…

Puiser à la source de l’amour permet d’en vivre et d’en témoigner ensuite auprès de ses frères. L’adoration, au sens large, reste d’ailleurs « la première attitude de l’homme qui se reconnaît créature devant son Créateur », rappelle le Catéchisme de l’Eglise catholique (n°2628) qui poursuit : « Par l’approfondissement de la foi en la présence réelle du Christ dans Son eucharistie, l’Eglise a pris conscience du sens de l’adoration silencieuse du Seigneur présent dans les espèces eucharistiques ». Si l’adoration se trouve par excellence au coeur de la messe, l’Eglise continue, depuis longtemps, de rendre un culte d’adoration « au sacrement de l’eucharistie, en dehors de sa célébration : en conservant avec le plus grand soin les hosties consacrées, en les présentant aux fidèles pour qu’ils les vénèrent avec solennité, en les portant en procession » (CEC n°1379).

Les papes de l’Histoire récente ont toujours souligné l’importance de l’adoration : elle a « une valeur inestimable dans la vie de l’Eglise », dit Saint Jean-Paul II. Le pape polonais souligne aussi que l’adoration eucharistique est un devoir fondamental de la vie du chrétien, et que le culte privé du Saint Sacrement complète la célébration liturgique de l’eucharistie. « L’Eglise et le monde ont grand besoin du culte eucharistique. Jésus nous attend dans ce sacrement de l’amour. Ne mesurons pas notre temps pour aller le rencontrer dans l’adoration, dans la contemplation pleine de foi et prête à réparer les grandes fautes et les grands délits du monde. Que notre adoration ne cesse jamais ! », écrit-il dans ‘Dominicae Cenae’. Pour Benoît XVI, la prière d’adoration permet une transformation des personnes « par la présence réelle du Seigneur ». Le Pape François, de son côté, insiste : « Si nous perdons le sens de l’adoration, nous perdons le sens de la marche de la vie chrétienne, qui est un cheminement vers le Seigneur. Lorsque l’on adore, on se rend compte que la foi ne se réduit pas à un ensemble de belles doctrines, mais qu’elle est la relation avec une personne vivante à aimer. Ainsi, c’est en étant face à face avec Jésus que nous en connaissons le visage ».

Laisser le Christ travailler en nous

Permettre aux fidèles de vivre ce coeur à coeur avec Jésus, c’est ce qui se vit dans de nombreuses paroisses en Vendée : de manière régulière avec un ou plusieurs jours où le Saint Sacrement est exposé dans une église ou un oratoire dédié. C’est le cas dans la paroisse Charles de Foucauld à Challans depuis l’automne 2020, dans l’oratoire du bienheureux Carlo Acutis, au presbytère, du lundi au vendredi de 7 h à 23 h, sous l’impulsion de l’abbé Jean Bondu, curé à l’époque. Il expliquait alors aux paroissiens cette nouvelle proposition : « Mettre en place l’adoration eucharistique, c’est donner à Dieu la place centrale, significative. Nous nous mettons en présence du Seigneur. Certains aiment s’exposer sur la plage pour que leur corps devienne rayonnant et encore plus beau. Je vous invite à vous exposer au soleil du Christ dans son eucharistie. Vous ne le verrez pas immédiatement, mais il se peut qu’il y ait des transformations intérieures, des libérations, des guérisons, des conversions plus profondes, plus durables. S’exposer devant le Christ exposé dans son eucharistie, c’est prendre le risque de le laisser travailler en nous, c’est lui donner l’autorisation de ce travail en nous, ce travail qui est celui de la sanctification par l’Esprit Saint et par le Verbe de Dieu », disait-il quelques semaines avant que l’oratoire Carlo Acutis ne soit installé avec l’adoration du Saint Sacrement.

Depuis, plus de 100 adorateurs se relaient régulièrement à Challans, et les fruits sont nombreux, comme en témoigne Louis-Marie Boivineau, paroissien et auteur d’une dizaine d’ouvrages sur l’adoration. « J’ai découvert la prière d’adoration à Paray le Monial, une nuit, entendant cet appel du Seigneur : ‘Le Père cherche des adorateurs pour qu’éclate l’aube nouvelle’. Depuis l’an 2000, l’inspiration n’a jamais cessé. J’écris, à genoux, une méditation chaque jour, après mon oraison-adoration ». Il poursuit en donnant quelques pistes pour les personnes qui ne sont pas familières de cette prière d’adoration. « Commencez, avec l’aide de Marie, par aller adorer devant l’Hostie exposée ! Là, se laisser regarder et aimer par Lui, qui est amoureux de vous ! Puis le feu prendra. Un coeur à coeur s’instaurera. Ensuite, vous pourrez adorer en esprit et vérité chez vous. Et devenir peu à peu une âme eucharistique, un flambeau près du Seigneur, une âme embrasée. Une âme dans la communion trinitaire, une âme d’immolation, une âme sacerdotale ». Louis- Marie est témoin des nombreux fruits que porte l’adoration au sein d’une paroisse : « Elle facilite son unité, sa vie spirituelle, caritative et missionnaire. L’adoration de nuit est la plus féconde », même si le combat ne manque pas….

L’adoration, source de la mission

A la Roche sur Yon, l’adoration perpétuelle est proposée depuis un peu plus de neuf ans. Corinne David en est la coordinatrice, elle rappelle comment ce projet un peu fou a été lancé :

« L’adoration perpétuelle a débuté en janvier 2014, sous l’impulsion du curé, le Père Dominique Lubot. L’eucharistie est au centre de la vie paroissiale, comme « source et sommet de toute vie chrétienne », et afin que tout en découle par la suite, la fraternité, la mission, la solidarité, développées les années suivantes. Et l’adoration aide à la prière et la rencontre avec Jésus, toujours à encourager. La paroisse a fait appel aux Missionnaires de la Très Sainte Eucharistie qui aident à mettre en place l’adoration eucharistique dans les paroisses. Ainsi, le père Florian Racine est venu en mission le week-end du 8 décembre 2013, fête de l’Immaculée Conception, et après avoir prêché, la Vierge Marie a permis d’avoir suffisamment de volontaires pour lancer l’adoration 24 heures sur 24, et 7 jours sur 7 ! ».

Depuis, un beau réseau de prière s’est développé au sein de la paroisse, mais aussi plus largement car les personnes savent désormais que le Saint Sacrement est exposé et l’oratoire accessible en journée pour venir prier. « Les adorateurs sont vraiment de tous les âges. Certains prient en couple, ou avec leurs enfants. Et puis il y a les adorateurs de la pleine nuit, où l’adoration est plus difficile mais tellement tout autre dans le silence, seul avec Jésus ! Le caractère commun à tous : la fidélité dans les années ! Cette heure d’adoration hebdomadaire, c’est ainsi être un maillon de la chaine pour assurer une présence continue à Jésus, et cela permet aussi l’existence du lieu d’adoration ouvert à tous. Ce n’est pas chacun qui vient individuellement mais bien une communauté d’adorateurs, et d’ailleurs il y a une réelle entraide pour remplacer lors d’absences. Il est certain que nous sommes transformés dans le temps, et que cela nous pousse à agir différemment dans notre vie de tous les jours ».

Les réalités sont évidemment différentes selon les paroisses de ville ou plus rurales.

Aux Sables d’Olonne, une cinquantaine d’adorateurs se relaient du jeudi 9 h 30 après la messe au vendredi 18 h 30 avant la messe, en l’église Saint Pierre. Du côté de Montaigu, l’adoration du Saint Sacrement se déroule le mercredi de 8 h à 22 h.