Diocèse de Luçon

TROIS Questions

Mgr Jacolin : « Gardons la soif de la communion ! »

Mgr Jacolin

Mgr Jacolin va présenter pour la Semaine Sainte un texte sur les messes et célébrations paroissiales. Pourquoi ce texte ? Comment a-t-il été élaboré ? Quelles en sont les grandes lignes ? Mgr Jacolin répond pour ‘Catholiques en Vendée’.

1/ Mgr, pourquoi avez-vous décidé d’écrire ce texte et comment a-t-il été élaboré ?

Depuis plusieurs années, des paroisses et des prêtres me demandaient un texte sur les célébrations de la Parole. Il est vrai qu’une certaine habitude s’était prise dans certaines paroisses de se rassembler en dehors de l’eucharistie le dimanche, autour des textes de la Parole de Dieu. Il y a aussi toute la question des célébrations en semaine, de porter la communion aux malades, soit à domicile, soit dans les hôpitaux, les EHPAD. Ce texte essaie donc de donner quelques repères dans ces deux domaines. Et puis, le pape François a publié, l’été dernier, une lettre adressée à toutes les composantes du peuple de Dieu sur la formation liturgique, intitulée ‘Desiderio desideravi’.

C’était donc sans doute le moment opportun pour écrire ce texte, rappeler la primauté de l’eucharistie, sans interdire les célébrations de la Parole mais en les encadrant.

Il y a eu plusieurs allers-retours avec le conseil épiscopal, avec les doyens, avec le conseil presbytéral, avec le service de la liturgie et le service de la santé entre autres. Ce texte a été mûri synodalement depuis presque deux ans. Il sera rendu public à tous les prêtres et aux fidèles au moment de la Semaine Sainte.

2/ Quelles en sont les grandes lignes ?

Le texte se découpe en deux parties : la première s’intitule ‘Les messes et célébrations paroissiales d’après le Concile Vatican II et le Pape François’, la seconde est un ‘Décret sur quelques repères pour organiser les messes et autres célébrations le dimanche et en semaine’.

Dans la première partie, je rappelle l’importance du sacrement de l’eucharistie à partir de ce que l’Eglise en dit, comment le Concile Vatican II en a parlé, puis le pape François, dans sa dernière lettre ‘Desiderio desideravi’. Le sacrement de l’eucharistie est au coeur de la vie de l’Eglise et de toute vie chrétienne. Le concile Vatican II a tenu à le dire et le redire de nombreuses fois : « Participant au sacrifice eucharistique, source et sommet de toute vie chrétienne, (les fidèles) offrent à Dieu la victime divine et s’offrent eux-mêmes avec elle. Ils manifestent, sous une forme concrète, l’unité du peuple de Dieu que ce très grand sacrement signifie et réalise admirablement ». (‘Lumen Gentium’, constitution dogmatique sur l’Eglise 11).

« Verbe fait chair », le Christ est venu, par le sacrifice de la croix, racheter l’humanité des ténèbres du péché et de la mort qui la séparaient du Dieu vivant. En instituant le sacrement de l’eucharistie, « source et sommet de toute la vie chrétienne », il nous unit à Lui pour que tout notre vie devienne, « par lui, avec lui et en lui » et dans la communion de l’Esprit Saint, « eucharistie », offrande d’action de grâce, à la gloire de Dieu le Père.

Le Concile Vatican II insiste aussi sur le fait que les deux parties structurantes de la messe, la liturgie de la Parole et la liturgie eucharistique, forment un seul et même acte de culte.

Dans ce texte, je rappelle aussi ce que nous dit le pape François dans sa lettre ‘Desiderio desideravi’, qui m’a beaucoup touché. Le Christ nous dit, au début de la Cène, cette parole, rapportée dans l’Evangile de Luc : ‘J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir’. Le Pape nous le dit : « Avant notre réponse à son invitation, il y a son désir pour nous. Nous n’en sommes peut-être même pas conscients, mais chaque fois que nous allons à la messe, la raison première est que nous sommes attirés par son désir pour nous. De notre côté, la réponse possible est, comme toujours de nous abandonner à son amour, de nous laisser attirer par lui » (N°6). Cela est capital. Ce n’est pas d’abord notre ressenti, mais c’est d’abord le désir de Jésus de nous rassembler. Par le baptême, nous sommes devenus « l’os de ses os et la chair de sa chair », nous dit le Pape. « Sans cette incorporation, il n’y a aucune possibilité de vivre la plénitude du culte rendu à Dieu. En effet, il n’y a qu’un seul acte de culte parfait et agréable au Père, à savoir l’obéissance du Fils dont la mesure est la mort sur la croix ». Il réalise ainsi le projet d’amour du Père de nous sauver du péché et nous faire entrer dans cette communion d’amour. C’est le don que nous avons reçu. « Le sujet qui agit dans la liturgie est toujours et uniquement le Christ- Eglise, le Corps mystique du Christ » (N°15). Bien sûr, il y a la participation active des fidèles, par le chant, les lectures. Mais la participation active est avant tout de s’unir à l’acte même de Jésus qui nous prend en Lui pour nous offrir avec Lui au Père. Comme nous sommes tous membres de ce Corps mystique du Christ, nous participons à son acte de s’offrir au Père. Je rappelle donc l’importance de l’eucharistie paroissiale du dimanche, où s’approfondit et se nourrit notre vie d’enfants de Dieu comme membres du peuple de Dieu, membres du corps du Christ ressuscité.

La seconde partie est un décret, qui donne des repères pour organiser les messes et les autres célébrations le dimanche et en semaine. Avec les nouvelles paroisses, ce que je recommande, c’est d’établir une messe dominicale à heure fixe et dans un lieu fixe au centre de la paroisse, afin de faciliter la participation des fidèles. Pour le reste des églises de la paroisse, il s’agit de répartir au mieux selon les possibilités, en s’efforçant que chaque communauté ecclésiale de proximité ait la messe au moins tous les quinze jours, le samedi soir ou le dimanche matin, dans l’une ou l’autre de ses églises. J’insiste aussi sur l’importance de donner ‘le goût de la messe’ à ceux qui ne viennent qu’occasionnellement pour les initier au mystère de l’eucharistie, en particulier les familles qui ont des enfants se préparant à la première communion.

Puis, j’aborde la question des célébrations dominicales de la Parole de Dieu. Là où il est difficile de participer à une eucharistie, il est possible d’organiser des célébrations de la Parole, dans des églises où il n’y a pas de messe, mais je rappelle certaines conditions importantes pour le faire : que ce soit bien en lien avec le curé de la paroisse, qu’il y ait un soin particulier apporté à ces célébrations et à la formation des personnes chargées de l’animer. J’invite aussi à souligner le lien des célébrations de la Parole avec les eucharisties célébrées dans la paroisse ce dimanche-là, et de développer le désir des fidèles de se rassembler pour célébrer l’eucharistie. Enfin, un point très important, la communion faisant partie intégrante de la liturgie de l’eucharistie, et n’étant portée qu’aux malades qui ne peuvent se déplacer, on ne distribuera pas la communion au cours des célébrations de la Parole.

Concernant les célébrations et les temps de prière en semaine, j’invite les prêtres à discerner dans quelle église ils peuvent célébrer l’eucharistie. J’invite aussi les fidèles, dans la mesure du possible, à se rassembler pour des temps de prière communautaires, comme c’est le cas pour la liturgie des Heures (laudes, vêpres) à favoriser, ou pour le chapelet, les groupes de prière ou de partage biblique. Il est important que les fidèles se réunissent chez eux ou dans une salle paroissiale, mais chaque fois que c’est possible dans l’église, c’est encore mieux !

3/Votre souhait est aussi de permettre aux personnes malades, dans les EHPAD, ou chez eux de recevoir la communion…

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