Évêque du diocèse de Luçon

Édito de MRG JACOLIN

Le Carême, une cure de santé pour notre âme

Edito mgr Jacolin

On sait que nos contemporains sont très soucieux des questions de santé. Mais si nous attachons autant d’importance à notre corps, prenons-nous soin aussi de notre âme ? Justement, le carême nous est offert comme une cure de santé pour notre âme. En effet, celle-ci court des risques pathologiques analogues à ceux du corps.

On le sait, un des fléaux de notre époque est la surcharge pondérale, nom pudique donné à l’obésité : on est trop gros et cela fatigue notre coeur et entrave notre liberté de mouvement. Ainsi l’âme est-elle alourdie par toutes nos attaches à des biens matériels (ou même intellectuels) ; biens qui – par définition ! – ne sont pas mauvais en soi, mais qui deviennent toxiques si, de moyens qu’ils sont, nous les laissons envahir tout le champ de notre vie. L’enjeu du jeûne, qui ne se limite pas à l’alimentaire, est précisément de nous alléger pour redonner toute sa liberté et tout son allant à notre coeur.

La respiration de l’âme se trouve dans la prière, alliée à l’écoute de la Parole de Dieu

Si notre âme souffre de surcharge, elle est victime aussi de carences. Une des illusions de notre époque est de croire qu’on ne peut devenir soi-même qu’en se centrant sur soi-même. Or, c’est précisément le contraire qui est vrai : on ne peut être soi-même qu’en établissant des échanges avec l’ensemble du grand corps vivant que constitue l’humanité. Le mot démodé d’aumône nous rappelle au moins que c’est en donnant aux autres que nous entrons dans toute la richesse de la vie humaine ; donner aux autres, pas seulement de l’argent, mais surtout leur donner de notre temps, leur donner de notre sourire. Oui, c’est quand on s’oublie soi-même pour les autres que l’on devient pleinement soi-même : là est le fondement de tout développement personnel !

Enfin, notre époque connaît beaucoup de problèmes respiratoires du fait de la pollution, mais aussi du manque d’exercice physique. Or notre âme risque, elle aussi, de manquer d’oxygène et de mourir asphyxiée si elle ne respire plus l’air qui lui est vital : l’Esprit même de Dieu. Or cette respiration de l’âme se trouve dans la prière, alliée à l’écoute de la Parole de Dieu, respiration qui est appelée à irriguer toute notre vie.

Nous avons sans doute pris de bonnes résolutions au début du Carême, et même peut-être déjà réalisé quelques efforts. Mais prenons garde de ne pas tomber dans un fléau de notre époque : « l’automédicamentation », qui est souvent pire que le mal. Sachons donc aller consulter le seul médecin absolument sûr et gratuit et nous laisser soigner par lui en faisant confiance à sa parole :

« Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je suis venu appeler non pas les justes mais les pécheurs pour qu’ils se convertissent ».

 François JACOLIN, Evêque de Luçon