Diocèse de Luçon

TROIS Questions

Tout est à l’amour’ : la lettre apostolique sur Saint François de Sales

Saint François de Sales

Sa parution est passée un peu inaperçue, entre la fête de Noël et la mort du Pape Benoît XVI : la lettre apostolique ‘Tout est à l’amour’ a été publiée par le Pape François, le 28 décembre 2022, à l’occasion des 400 ans de la mort de Saint François de Sales (1567-1622). Un texte qui invite à découvrir la pensée et l’héritage laissé par celui qui est Docteur de l’Eglise, saint patron des journalistes, fêté le 24 janvier.

Soeur Francette-Marie, supérieure de la Visitation à la Roche sur Yon, en fait la lecture pour ‘Catholiques en Vendée’.

1/ Comment accueillez-vous le texte ‘Tout est à l’amour’ ? Qu’en retenez-vous ?

Il faut déjà souligner que c’est une lettre apostolique, écrite par le pape, donc le texte n’est pas rien ! Elle parle de notre fondateur, alors, nous accueillons ce texte avec joie à l’occasion du 400e anniversaire de sa mort. Pour la petite histoire, nous avons été informées il y a déjà un moment qu’il y aurait quelque chose pour cet anniversaire ! C’est Mgr Boivineau, alors évêque d’Annecy, qui en avait fait la demande au Pape, au début de l’année 2021. Nous n’étions donc pas totalement surprises. Nous avons commencé la lecture en communauté dès que le texte a été publié par le Vatican.

Ce texte se lit facilement, et rappelle des éléments fondamentaux pour notre vie chrétienne. En effet, c’est Saint François de Sales qui parlait déjà de « l’appel universel à la sainteté », que nous trouvons dans le Concile Vatican II. Notre saint fondateur l’exprimait dans son oeuvre bien connue, ‘Introduction à la vie dévote’. On peut dire qu’il a rendu la vie spirituelle aux laïcs ! Au XVIe siècle, lorsque l’on était un ‘chrétien sérieux’, on entrait dans la vie religieuse. Pour lui, c’est une erreur, et même une hérésie, de vouloir bannir la vie dévote du ménage des gens mariés, du magasin des marchands… Où que nous soyons, qui que nous soyons, nous devons aspirer à prendre la vie chrétienne au sérieux. Je dirais avec humour, selon le langage d’aujourd’hui : ‘Avoir une vie chrétienne qui en veut !’. Mais qu’est-ce que cela signifie exactement ?

Le terme ‘dévot’, ‘dévotion’, sont des termes désuets et connotés, plutôt négativement d’ailleurs, et cela est bien dommage. ‘Dévotion’ signifie ‘se vouer à’, c’est-à-dire se donner entièrement à Dieu et aux autres. Mais attention ! Saint François de Sales met aussi en garde contre la tentation ‘des faux dévots’, ce qui peut tous nous guetter, comme les pharisiens dans l’Evangile… Le risque est donc de ne voir que l’extérieur et d’oublier l’intérieur. C’est une erreur et on se trompe soi-même. « La dévotion n’est donc pas placée à côté de la charité, mais elle en est une manifestation et y conduit » nous dit-il.

2/Il est vrai que Saint François de Sales insiste sur l’amour comme seul critère de discernement : « C’est l’amour qui donne la perfection à nos oeuvres ». Il a d’ailleurs été appelé par Saint Jean-Paul II ‘le docteur de l’amour divin’ !

Oui, c’est ce qu’il écrit deux jours avant sa mort à nos soeurs visitandines, dans son dernier entretien. « C’est la charité et l’amour qui donnent le prix à nos oeuvres ». Comme le dit le Pape François, « il avait compris l’importance de mettre constamment le désir à l’épreuve par un continuel exercice de discernement. Il avait retrouvé dans l’amour le critère ultime de son évaluation ». Nous pouvons ainsi nous demander, à chaque instant, pour chaque choix, dans chaque circonstance de la vie, où se trouve le plus grand amour, n’oubliant pas que seul Dieu connaît vraiment ce qu’il y a dans le coeur de l’homme.

Je crois que ce qu’il a pu dire à l’époque a dû en surprendre plus d’un ! Il écrit aussi à Sainte Jeanne de Chantal de « tout faire par amour et rien par force ». Comment comprendre cela ? Cela signifie que nous ne nous ne pouvons pas nous laisser contraindre par quiconque ! « Je vous laisse l’esprit de liberté », dit-il encore à Jeanne de Chantal. Il insiste particulièrement sur cette notion de liberté, inhérente à la condition humaine. Dieu n’est pas venu nous écraser, bien au contraire ! Saint François de Sales a une belle façon de le dire pour évoquer la rencontre de la toute puissance de Dieu et de la liberté de l’homme. Il évoque ainsi, en partant du texte d’Osée dans l’Ecriture des liens d’humanité, de charité et d’amitié. Ecoutons-le : « Nous ne sommes pas tirés à Dieu par des liens de fer, comme les taureaux et les buffles, mais par manière d’allèchements, d’attraits délicieux et de saintes inspirations, qui sont en somme les liens d’Adam et d’humanité, c’est-à-dire proportionnés et convenables au coeur humain, auquel la liberté est naturelle ». Dieu ne s’impose pas à nous, et « la source de l’amour qui attire le coeur est la vie de Jésus-Christ ».

Ce que Saint François de Sales écrit aussi sur la grâce est très beau : « La grâce a des forces, non pour forcer mais pour allécher le coeur ; elle a une sainte violence, non pour violer, mais pour rendre amoureuse notre liberté ; elle nous presse mais elle n’oppresse pas notre franchise : si bien que nous pouvons consentir ou résister à ses mouvements selon qu’il nous plaît ».

3/ Comment les écrits de St François de Sales peuvent-ils éclairer l’Eglise aujourd’hui et chacun de nous ?

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