Diocèse de Luçon

TROIS Questions

SOH

Pauline Gillard-Chevallier et Paul de Rugy

Que se cache-t-il derrière ces trois lettres  ? Il s’agit du Service d’Optimisation des Homélies ! En d’autres termes, un service d’Eglise qui a pour objectif d’accompagner les prédicateurs, afin que leur commentaire et leur explication de la Parole de Dieu touchent le cœur des fidèles.

En Vendée, une petite équipe de sept personnes est constituée depuis trois ans  : la présidente du SOH Vendée, Pauline Gillard-Chevallier, et Paul de Rugy, un des membres actifs, expliquent la démarche.

1/ Comment est née cette idée d’un Service d’Optimisation des Homélies ?

Il faut noter, en préambule, que c’est un service d’Eglise, soutenu par la Conférence des évêques de France. Ce n’est donc pas l’idée isolée de quelques fidèles un peu rebelles, mais c’est un service mené en plein accord avec nos évêques  ! Le SOH a été créée en 2007 par un groupe de paroissiens à Paris. Le fondateur, Didier Mellière, a fait ce constat, que beaucoup d’entre nous peuvent partager  d’ailleurs ! Après la messe dominicale, chacun discute en voiture, sur le chemin du retour, ou à table. On parle de l’homélie : « Oui c’était bien, mais qu’est-ce qu’on a vraiment retenu  ?  ». Il s’agit donc de trouver des solutions simples et efficaces pour que l’homélie soit percutante et nourrisse la vie spirituelle des fidèles tout au long de la semaine… et plus longtemps encore !

Ajoutons que Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, est le conseiller ecclésiastique du SOH au niveau national depuis 2017. SOH intervient en lien avec les responsables diocésains de la pastorale liturgique et sacramentelle et/ou de la formation.  Dans le diocèse de Luçon, le SOH est présent depuis novembre 2018 : nous avons été très bien accueillis par les membres du service de la formation de l’époque, le Père Jacques Gomart et Yves Loizeau. Nous sommes actuellement une équipe de sept laïcs, tous bénévoles, avec des expériences diverses dans le domaine de la communication.

2/ Quel est l’objectif de ce service ?

Nous proposons ce service à tous les prédicateurs  : prêtres, diacres permanents, séminaristes mais aussi aux laïcs qui doivent commenter la Parole de Dieu dans le cadre de leur mission pastorale. Il s’agit de leur permettre de mieux maîtriser les règles de la communication orale. Pour être honnêtes, les prêtres et les diacres ne se sentent pas toujours appelés à se former dans ce domaine, car cela entraîne inévitablement une remise en question ! Mais rappelons-nous que la forme doit être au service du fond : nos interventions ne portent donc que sur la forme de l’homélie, car nous n’avons évidemment aucune autorité pour faire quoi que ce soit en matière de contenu !

Pour un prêtre qui suit tout au long de la messe la liturgie, l’homélie est en quelque sorte son espace de liberté  ! Pour autant, interrogeons-nous  : Faut-il nécessairement qu’une homélie soit longue pour qu’elle soit percutante ? Nous insistons donc beaucoup sur cet aspect : il faut un message central, une idée, une image, et le tout pas plus de dix minutes ! Cela entraîne donc inévitablement de renoncer à certains aspects. On ne peut pas tout dire au cours d’une homélie ! Le prêtre ou le diacre doit donc s’interroger  : sur quel aspect dois-je insister ? Quel message ai-je envie de donner aux paroissiens pour la semaine  qui commence  ? Comment puis-je les aider à laisser la Parole de Dieu qui nous est donnée chaque dimanche toucher leur cœur  ? Lorsque le prédicateur prend la parole, il ne doit pas oublier qu’il doit pouvoir rejoindre toute l’assemblée, chacun des fidèles présents, les adultes comme les enfants  ! Nous attendons d’une homélie une meilleure compréhension, une explication, une orientation et pas l’exposé d’une thèse de théologie !

Regardons le Christ, lorsqu’Il s’adresse à ses disciples : Il parle de choses concrètes, donne des images. En cela, Il peut rejoindre chacun dans ce qu’il vit. Notre objectif est donc de permettre aux fidèles d’être nourris à la fois de la Parole de Dieu et du Pain de Vie, donné dans l’eucharistie.

SOH, Service d’Optimisation des Homélies

3/ Comment travaillez-vous avec les participants en Vendée ?

Nous avons déjà réalisé deux sessions depuis 2019, un peu chamboulées avec la crise sanitaire. Le SOH en Vendée a ainsi formé 4 prêtres et 9 diacres permanents depuis ses débuts dans le diocèse. Cette année, nous avons deux dates proposées pour ceux qui le souhaiteraient  : le 17 novembre ou le 1er décembre. Nous pouvons aussi nous adapter, en proposant des sessions plus individuelles. Nous souhaitons aller aussi à la rencontre des doyennés pour leur présenter cette méthode et les sensibiliser. (Notons que l’abbé Grosjean, bien connu et reconnu dans l’Eglise en France pour sa parole directe et percutante, a suivi une formation du SOH !).

La formation se déroule sur quatre demi-journées, incluant un déjeuner, qui est un moment très convivial entre nous. La méthode est assez simple, elle est identique pour chacune des 13 équipes SOH présentes en France mais aussi en Belgique. Elle est dictée d’abord par un souci de bienveillance. Nous avons beaucoup d’indulgence vis-à-vis des participants ! L’idée est de les mettre à l’aise, qu’ils ne se sentent pas jugés mais accueillis comme ils sont.

Nous leur demandons au préalable de préparer une homélie, sur un thème de leur choix  ; puis après les avoir écoutés, nous en parlons ensemble, mettons en valeur les points forts et suggérons des axes d’amélioration. Lors des rendez-vous suivants, nous voyons, de manière bien souvent spectaculaire, la progression de chacun. L’immense majorité arrive à parler avec aisance et authenticité, et leur message touche le cœur de chacun des auditeurs !

Nous leur proposons de ne pas écrire trop de choses, mais d’avoir seulement quelques idées «  parachutes  ». Il vaut mieux parler en étant détaché de ses notes. Nous insistons aussi sur le fait qu’ils doivent garder leur personnalité, leur charisme. La gestuelle et le regard sont importants. Ainsi, les prédicateurs sont invités à rester naturels, afin de toucher et rejoindre chacun des fidèles lors de l’homélie, pour les aider à grandir et progresser dans leur vie spirituelle. N’oublions pas par exemple, que lors des mariages ou des funérailles, il y a bien souvent des personnes éloignées de l’Eglise  : comment les rejoindre ? C’est un vrai enjeu aujourd’hui qu’elles puissent entendre le message du Christ à ce moment-là ! L’homélie est un moyen d’évangélisation à ne pas manquer !

Au cours de l’allocution adressée le 13 septembre au clergé dans la cathédrale de Bratislava, lors de sa visite récente en Slovaquie, le pape François a souhaité évoquer un sujet qui lui tient à cœur : l’homélie !

«  J’ouvre ici une parenthèse. La prédication. Quelqu’un m’a dit que dans  «  Evangelii gaudium  », je me suis trop arrêté sur l’homélie, parce que c’est l’un des problèmes de ce temps. Oui, l’homélie n’est pas un sacrement, comme le prétendaient certains protestants, mais c’est un sacramental ! Ce n’est pas un sermon de Carême, non, c’est autre chose. Elle est au cœur de l’eucharistie. Et pensons aux fidèles, qui doivent entendre des homélies de 40 minutes, 50 minutes, sur des sujets qu’ils ne comprennent pas, qui ne les touchent pas… S’il vous plaît, prêtres et évêques, pensez bien à la façon de préparer l’homélie, à la façon de la faire, pour qu’il y ait un contact avec les gens et qu’ils prennent inspiration du texte biblique. Une homélie ne doit normalement pas dépasser dix minutes, parce que les gens perdent l’attention après huit minutes, à condition qu’elle soit très intéressante. Mais le temps devrait être 10-15 minutes, pas plus. Un professeur que j’ai eu en homilétique, disait qu’une homélie doit avoir une cohérence interne : une idée, une image et une affection ; que les gens s’en aillent avec une idée, une image et quelque chose qui a bougé dans leur cœur. L’annonce de l’Évangile est simple ! Ainsi prêchait Jésus qui prenait les oiseaux, qui prenait les champs, qui prenait ceci… les choses concrètes, mais que les gens comprenaient ! ».