diocèse de Luçon

REPORTAGE
Ordination Mgr Jean Bondu

La pastorale des funérailles, lieu d’évangélisation!

Comment accueillir et rejoindre les personnes loin de l’Eglise ? Leur témoigner de la foi et de l’espérance chrétienne en Jésus ressuscité ? Autant de questions qui reviennent régulièrement au moment d’un décès. Dans le diocèse de Luçon, de très nombreux bénévoles sont engagés au sein des équipes d’accompagnement des familles en deuil et de la conduite des funérailles : entre compassion et témoignage de leur foi, ils accueillent les proches du défunt avec une juste délicatesse.

Guillaume l’avoue : les obsèques de sa grand-mère, il y a quelques mois, ont été pour lui l’occasion de revenir dans une église, ce qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps…. Pour ce trentenaire, qui se définit « comme un pilier de rugby plutôt qu’un pilier d’église », la messe ne fait pas vraiment partie de sa vie. Pourtant, lors de la célébration religieuse pour dire ‘A Dieu’ à sa grand-mère, Guillaume a été touché. « Les chants qui montaient comme un souvenir de ceux de mon enfance, dire le ‘Notre Père’ avec toute ma famille, c’était un moment fort. Même si, bien sûr, j’étais triste, au fond de moi, je sentais que ma grand-mère allait continuer à être avec nous, d’une autre manière… ».

Des témoignages comme Guillaume, les bénévoles engagés au sein des équipes de la pastorale des funérailles dans le diocèse en reçoivent régulièrement. Aujourd’hui, c’est l’un des défis rencontrés lorsqu’arrive un décès. « La présence de personnes éloignées de l’Eglise dans nos célébrations est une réalité. Les familles des défunts, les défunts eux-mêmes ont souvent une certaine distance avec nos communautés. Que devons-nous faire ? Nous parlons aujourd’hui, à la suite du pape François, de faire des ponts et dialoguer. Nous parlons aussi de faire entendre la Parole de Dieu à des personnes diverses afin que cette Parole reste vivante et devienne féconde », indique en préambule Isabelle Duclou, membre du service de la pastorale liturgique et sacramentelle dans le diocèse, lors de la journée qui s’est déroulée le 21 janvier dernier à la Roche sur Yon : une journée de partage, réflexion et prière, à laquelle plus de 200 personnes, engagées dans les équipes d’accompagnement des familles en deuil et de la conduite des funérailles ont participé. Au cours de cette journée, Béatrice de Marignan, membre de la pastorale des funérailles du diocèse de Nantes, mais aussi de l’équipe de l’accompagnement des familles en deuil à la Conférence des évêques de France, a pu donner des éclairages pour vivre cette pastorale des funérailles.

« Dire que les personnes sont ‘éloignées’ de l’Eglise, ce n›est pas les juger. C’est en prendre acte et dire avec Saint Augustin : ‘Il y en a qui se croient dehors et qui sont dedans et d’autres qui se croient dedans et qui sont dehors’. Il s’agit donc de les connaître, même si le temps est assez court, au moment de la préparation des obsèques, pour mesurer la distance mais aussi la proximité. Une même humanité traversée à l’occasion de la mort d’un proche par les grandes questions du sens de la vie, de la souffrance et de la mort. Notre foi nous donne des clés pour la traverser. Ces personnes ont perdu ces clés ou ne les ont jamais eues ». Comment vivre alors une ‘évangélisation du seuil’ pour une première annonce de la foi et de l’Espérance chrétienne ?

PasteurCompassion et réconfort

Ces personnes sont peut-être loin de l’Eglise, pourtant, elles frappent à la porte de la paroisse. Leurs profils sont variés : croyants non pratiquants, n’ayant reçu aucune éducation religieuse ou ayant abandonné la pratique religieuse, indifférents, non-croyants, agnostiques, athées. « La majorité de ces personnes ne pratiquent pas mais ne sont pas nécessairement en opposition. Mais il y a aussi ceux qui sont dans la défiance, contre l’Eglise, qui ont été blessés par l’Eglise ou par la vie. Aujourd’hui, le contexte est plurireligieux, pluriculturel, teinté de syncrétisme, de ‘tout se vaut’. L’histoire de toutes ces vies, si diverses, que nous rencontrons au moment du deuil, nous rappellent la parabole du Semeur. 

La Parole est donnée en abondance mais le sol qui la reçoit lui permet, ou non, de porter du fruit », indique Isabelle Duclou. En frappant à la porte du presbytère, ces personnes ont des attentes, plus ou moins formulées : une tradition plus ou moins présente, un désir de rendre hommage au défunt, de suivre sa volonté. « Les célébrations des funérailles restent un lieu où se rassemblent croyants, incroyants, d’une autre religion. C’est bien souvent le seul moment où ces personnes sont en lien avec l’Eglise. Il y a une stabilité du nombre de demandes de célébrations de funérailles à l’église, alors que les demandes de mariages et de baptêmes ont tendance à baisser.