diocèse de Luçon

REPORTAGE
Les 10 ans de l’Ecole d’oraison

L’École d’oraison dans le diocèse de Luçon

En cette Année de la Prière, l’Ecole d’oraison du diocèse vit sa dixième édition, dans le diocèse. A l’initiative du service ‘Formation et Vie Spirituelle’ du diocèse, un ensemble de six soirées, pour s’initier à la prière silencieuse carmélitaine, est proposé pendant ce Carême. L’Ecole d’oraison se déroule cette année à la chapelle de la Vierge, en l’église Saint Louis. Au cours de chaque soirée, un enseignement est donné par un frère carme ou par un prêtre diocésain, suivi d’un temps d’oraison et d’un témoignage.

« L’oraison est une forme de prière accessible à tous et partout. En cette Année de la Prière, il est bon de (re)découvrir cette prière, vécue en intimité avec Dieu », explique Geneviève Gaborieau, membre de l’équipe de Vie spirituelle pour l’Ecole d’oraison. « L’oraison est ce coeur à coeur, dans le silence, avec notre Seigneur ». N’est-ce pas ce vers quoi toute vie chrétienne doit s’orienter ? « Vouloir vivre en présence de Dieu, c’est désirer lui faire place dans sa vie. 2 heures, 30 minutes ou 15 minutes, peu importe le temps consacré, tant que nous avons en nous le désir profond de Dieu, de le rencontrer et de le découvrir. Vivre en présence de Dieu demande du temps et de l’humilité. C’est donc apprendre à se laisser regarder et aimer par Dieu en simplicité, tel que nous sommes », rappellent les carmes, qui viennent prêcher tous les ans à l’Ecole d’oraison en Vendée.
Prier, faire oraison comme dit la tradition carmélitaine, c’est donc se tenir en présence de Dieu. « La vie au Carmel est fondée sur l’expérience de Dieu. Faire oraison, c’est expérimenter ceci : le Seigneur est présent, Il est là et je cherche à me tenir devant Lui, à Le regarder », explique une carmélite. Pour l’abbé Damien Jaillet, qui a prêché le premier enseignement de l’Ecole d’oraison cette année, « la prière est cette attitude filiale, cet élan du coeur, qui nous invite à reconnaître que Dieu est bien plus grand que nous. Elle nous conduit à l’humilité ». Dans l’oraison, nous nous tournons vers Dieu, nous recevons de Lui son Amour, nous nous laissons transformer par Lui. « Dieu nous attend, Il a soif de notre réponse d’amour », ajoute le père Damien.
« En nous invitant à faire oraison, à ‘être oraison’, Sainte Thérèse d’Avila nous invite d’une certaine manière à imiter le Christ Jésus Lui-même : « Or la nouvelle se répandait de plus en plus à son sujet, et des foules nombreuses s’assemblaient pour l’entendre et se faire guérir de leur maladie. Mais lui [Jésus] se tenait retiré dans les endroits déserts et priait » (Lc 5, 15-16). Dans le début de ce chapitre 5, Jésus enseigne la foule, puis il appelle les quatre premiers disciples, enfin il guérit un lépreux. Et Luc nous donne ce petit sommaire des versets 15-16. Jésus fait le choix d’arrêter deux activités importantes : l’annonce de la Parole et la guérison des malades, pour une ‘activité’ plus importante encore : la prière. Jésus cesse de ‘faire’ pour ‘être’ avec son Père », souligne un frère carme. « Suivons l’exemple de Jésus », insiste le père Damien. « Sa prière nous montre qu’Il est toujours en relation avec son Père ».

Un temps gratuit

Une chose est certaine : « La prière personnelle est toujours un combat spirituel. Nous pensons toujours avoir des choses plus importantes à faire que de prendre du temps pour Dieu. Quelle erreur ! Il nous faut revenir chaque jour à la Source pour être plus vivants et efficaces. La qualité de notre vie de prière dépendra de notre fidélité au quotidien. L’amour ne se dit que par des actes d’amour : choisir de prier même si je ne sens rien ou même si je suis très occupé. Au-delà de ce que je sens ou comprends, je sais dans la foi que Dieu est là et que l’Esprit Saint travaille dans mon coeur. Je décide de me fixer au temps choisi et de demeurer par amour auprès du Seigneur. C’est un chemin de joie et de liberté ! », rappelle un frère carme. Geneviève Gaborieau ajoute : « Sainte Mère Teresa ne disait-elle pas à ses soeurs : ‘Vous êtes trop occupées ? Et bien, allez prier deux heures de plus !’ ».

Les carmes insistent sur un aspect important : « Faire oraison, c’est non seulement quitter, cesser ses activités, mais c’est vivre à un niveau théologal. C’est mettre en oeuvre la Foi, l’Espérance et la Charité. Croire en la présence aimante et agissante de Dieu que je viens rencontrer dans la prière au-delà de ce que je sens ou ressens. Espérer en la réalisation des promesses de Dieu qui en son Fils unique veut faire de moi son enfant bien-aimé. L’Espérance nous aide à traverser le temps, la durée… Aimer Celui dont nous savons qu’Il nous aime. Contempler l’amour, car ‘l’amour attire l’amour’. Venir Lui tenir compagnie par amour pour Lui, gratuitement ».

Prendre le temps de l’oraison, c’est prendre le temps de laisser des activités qui peuvent être bonnes, pour être avec Dieu, pour se laisser aimer. C’est un temps gratuit donné à Dieu. C’est pourquoi, il est important de changer de lieu pour faire oraison. Si possible changer de pièce, pour couper avec les activités précédentes. « Poser un acte qui me dit à moi-même que je change de registre. Cela reste à trouver, à inventer par chacun dans le concret de sa vie », souligne un carme. Geneviève Gaborieau précise : « Entrer dans le silence, dans un lieu et un temps que l’on se donne régulièrement, c’est déjà la première étape. Il faut pouvoir commencer par une durée, même minime, et s’y tenir. La fidélité, une résolution à prendre et à tenir : c’est un vrai combat chaque jour, c’est vrai. Mais offrons au Seigneur ce que nous avons de plus précieux : notre temps ! Nous arrivons ainsi avec nos mains vides, mais pleines de ce temps qu’on Lui donne. Nous pouvons toujours avoir de bonnes raisons de ne pas tenir ce temps d’oraison. Pourquoi ne pas le noter alors dans son agenda ? Se mettre un rappel ? Lorsque l’on a vaincu ce combat-là, d’être fidèle à ce rendez-vous avec le Seigneur, tout sera plus facile. On goûte alors la joie de s’arrêter pour Lui et avec Lui ».

Pour les carmes, « il faut ‘choisir’ de faire oraison. Il faut décider de cesser ses activités pour une activité placée sur un autre registre. Il peut être utile d’avoir un coin prière pour vivre ce rendez-vous. Ce peut être très simple : une Bible ouverte, un crucifix, une bougie … Un espace qui nous aide à ‘passer’ à autre chose. Il faut choisir le temps que l’on va prendre et s’y tenir et que ce temps soit régulier et placé au même moment de la journée (si possible) de manière à devenir une habitude ».