Diocèse de Luçon

TROIS Questions

La lutte contre la pornographie, une priorité aujourd’hui !

La lutte contre la pornographie

Véritable fléau aujourd’hui, tant auprès de la jeunesse que chez les adultes, la pornographie abime d’innombrables personnes, dans leur corps mais aussi dans leur coeur. Face à ce tsunami, des bénévoles dans plusieurs associations s’engagent pour faire de la prévention et de la sensibilisation et redire la beauté de l’amour humain. François, kiné-ostéo, trentenaire et marié, intervient ainsi dans des collèges et lycées dans la région Pays de la Loire. Il témoigne de son expérience auprès des jeunes, de son cheminement pour s’en sortir.

1/ DE QUELLE EXPERIENCE COMME ‘ADDICT’ DE LA PORNOGRAPHIE TEMOIGNEZ-VOUS AUPRES DES JEUNES ET COMMENT VOUS EN ETES-VOUS LIBERE ?

Les premières fois où je suis tombé sur des images pornos, je devais avoir entre 10 et 12 ans. J’étais avec mon frère, on était sur internet, et nous sommes tombés dessus, un ‘pop-up’ s’était ouvert. A l’époque, je n’étais pas dans l’addiction, je jouais plutôt aux jeux vidéo. En arrivant en troisième au collège, beaucoup de personnes en parlaient dans la cour ; j’ai donc voulu retourner sur internet pour voir les sites, même si je savais à peu près de quoi ils parlaient. C’est là que je suis tombé dans une addiction même si ce n’était pas quotidien, c’était régulier, voire les week-ends quand mes parents n’étaient pas là. Le pire, si je puis dire, c’est lorsque j’ai reçu un IPad à mes 18 ans ! Je pouvais avoir tous les contenus pornographiques que je voulais très facilement, car j’étais tout seul dans ma chambre, alors qu’avant il fallait aller sur l’ordinateur familial qui se trouvait dans le salon.
Je suis ainsi tombé dans l’addiction, avec un besoin d’avoir toujours une dose régulière de porno, pendant au moins 8 ans. J’ai eu de la chance, à cette époque, je faisais 12 heures de sport par semaine, avec énormément de compétitions au niveau national : je me suis construit dans autre chose, je ne me suis pas isolé parce que j’avais des amis.
A 22 ans, l’évènement déclencheur est la rencontre avec celle qui est devenue ma femme. A l’époque, je n’avais pas confiance en moi, je me comparais avec ce que je voyais dans les films. Lorsque nous avons commencé notre relation, je regardais encore des vidéos, mais de moins en moins souvent. Parce que j’aimais ma femme, j’ai décidé d’arrêter cela, car la vie réelle est bien plus belle que le virtuel, même si j’ai mis du temps à m’en passer…
Ce qui m’a aussi aidé à arrêter, c’est la présence d’un ami, qui était mon témoin de mariage. A l’époque, je peux dire que j’étais catholique de tradition, j’allais à la messe à Pâques et à Noël, je me suis toujours posé énormément de questions sur la foi en général. Cet ami a toujours été là pour répondre à mes questions, sans jamais vouloir me convertir. Il m’a fait prendre conscience que consommer de la pornographie n’était pas bon pour moi. Lorsque nous avons commencé à nous préparer au mariage à l’Eglise, ce proche m’a fait rencontrer un ami, qui était diacre à l’époque. Nous avons beaucoup discuté ensemble, il m’a fait réaliser que c’était un péché. Les sacrements m’ont aidé : avec le sacrement de réconciliation, j’ai choisi d’arrêter, afin de ne pas blesser ma femme et Dieu. J’ai décidé de nouer une relation avec Dieu et d’aller à la messe tous les dimanches. Il était important pour moi d’être cohérent avec mes propres valeurs. Si je crois en Dieu, qu’est-ce que Dieu me demande ? Avoir une relation d’amour, aller à la messe, recevoir le corps du Christ, recevoir le sacrement de réconciliation. Je peux témoigner que ma foi m’a permis de m’en sortir. Si je suis maintenant très en paix avec mon passé, il reste toujours une certaine forme de fragilité parce qu’il y a déjà eu addiction.

2/ VOUS INTERVENEZ DONC BENEVOLEMENT AUPRES DES COLLEGIENS ET DES LYCEENS POUR PARLER DES DEGATS CAUSES PAR LA PORNOGRAPHIE. QUE CONSTATEZ-VOUS CHEZ EUX ?

Je remarque d’abord qu’il y a chez certains, les plus jeunes, de 10-11 ans, ce qu’on appelle un ‘stress post-traumatique’. Un enfant qui a vu des images pornos peut vraiment être perturbé à vie. A chaque intervention, un petit vient nous voir pour savoir comment se libérer de ces images-là dans la tête : je trouve cela dramatique que les premières images qu’ils ont de la sexualité ce soient de telles images violentes. Beaucoup de jeunes ont un téléphone dès la sixième, c’est très facile de tomber sur des contenus pornographiques, à la sortie du collège, en attendant le bus… J’entends aussi de nombreux témoignages de jeunes, qui ont des problèmes relationnels, car ils sont consommateurs de porno. Et cela touche aussi les jeunes filles, et pas seulement les jeunes hommes !

3/QUELS CONSEILS POUVEZ-VOUS DONNER AUX PARENTS ET QUELS SONT LES MOYENS POUR LUTTER ?

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Propos recueillis par Anne Detter-Leveugle