Chantal Dupont

 Chantal Dupont : ‘L’iconographie est un art de l’intériorité’

Professeur d’art et iconographe, Chantal Dupont propose tout au long de l’année de se former à cette pratique ancestrale. Des cours sont ainsi dispensés à la Chaize Giraud, comme des week-ends d’initiation au centre spirituel l’Immaculée de Chaillé les Marais, les 2 et 3 décembre, ou au centre spirituel de Bourgenay, à Talmont Saint Hilaire.

Patience et persévérance : deux maîtres-mots indispensables pour la réalisation d’une icône. « Il faut en effet compter environ 250 heures de travail ! », précise Chantal Dupont. C’est donc une oeuvre délicate, qui nécessite aussi calme, concentration et minutie. Plus que cela, un état d’esprit particulier, car les icônes ne sont pas des peintures comme les autres. L’iconographie, art sacré, est l’art de retranscrire par la peinture les images saintes en se reliant au personnage représenté, en le magnifiant et en le faisant vivre.

« Bien sûr, lorsque l’on travaille des dizaines d’heures pour peindre le Christ ou la Vierge Marie, on ne peut pas ne pas être touché et se laisser même transformer ». Chantal confie ainsi avoir vécu un cheminement spirituel quand elle a réalisé le Christ pantocrator. « Lorsque l’on passe des heures face à face avec le visage du Christ en gloire, évidemment, notre coeur est touché », explique-t-elle. C’est le même cheminement lorsqu’elle réalise la Vierge Marie, dont elle aime représenter « la douceur et la tendresse », Saint Joseph « qui redonne force et confiance pour continuer à avancer », ou Sainte Anne « qui enseigne et transmet, et encourage dans les efforts ». Autant de compagnons de route qu’elle aime représenter et donner comme modèle à ses élèves.

Transmettre cet art ancestral

Depuis maintenant presque dix ans, Chantal Dupont donne des cours dans plusieurs lieux en Vendée. La transmission à travers les siècles, c’est bien cela qui caractérise l’art de l’iconographie : la plus ancienne icône au monde date en effet du 6e siècle, et est conservée au mont Sinaï, au monastère Sainte Catherine. C’est lors de ses différents voyages dans les pays méditerranéens (Italie, Crête ou Turquie) qu’elle a été marquée par les icônes. « La beauté des regards, des visages et des couleurs, et surtout la présence de l’or qui magnifie l’ensemble : c’était une belle découverte pour moi. Jusqu’alors, j’avais réalisé des peintures à l’huile ou pastel », raconte cette native de Rocheservière. « Ma famille a vraiment la fibre artistique, avec des chanteurs et des peintres ». C’est en 1991, après avoir exercé pendant 20 ans comme infirmière à la Roche sur Yon, que Chantal se met à peindre, pour s’occuper. La découverte des icônes marque une nouvelle étape dans son itinéraire artistique. « Je trouvais que c’était dommage que cet art iconographique ne soit pas bien connu en France ». Sur les conseils d’une amie, elle décide alors de suivre une formation pendant quatre ans, auprès de la communauté orthodoxe russe de Poitiers. « J’y ai appris une méthodologie très carrée, et ai bien assimilé la technique », explique-t-elle. « La peinture est réalisée selon les méthodes artisanales et ancestrales : tempera à l’oeuf, pigments, dorure à la feuille et sur planche de bois de tilleul. Plusieurs couches de pigments viennent construire l’icône allant de l’ombre vers la lumière, pour enfin donner vie à celle-ci, en posant le regard du personnage dont la présence aura une influence sur notre quotidien ».

Silence et méditation

Transmettre cette pratique de l’iconographie, qui a tant à nous apporter, pour qu’elle ne s’éteigne pas, c’est désormais ce qui anime Chantal. Ses élèves ont des âgés variés, la plus jeune avait 17 ans. Leurs motivations sont aussi diverses et toutes ne sont pas forcément croyantes. Cependant, personne ne termine une icône sans avoir cheminé d’une façon ou d’une autre. « Lorsque je suis chez moi, à Brétignolles, j’ai la chance d’avoir un environnement favorable, un lieu calme. J’aime allumer une bougie, prier pendant que je travaille. Lors des cours, j’invite ceux qui le souhaitent à vivre dans leur intériorité ce qu’ils réalisent par le travail de l’icône. A Bourgenay, par exemple, à la pause, je propose aux volontaires de se rendre à la chapelle des soeurs ». Très vite, pendant les cours, le silence arrive, même si « il y a dans nos groupes une vraie entraide fraternelle, un beau partage, à la fois dans les échanges, mais aussi par exemple dans le partage des fournitures si l’un ou l’autre manque de quelque chose ». Une belle expérience à la fois humaine et spirituelle à découvrir !

Pour découvrir les activités proposées, consulter le site www.chantaldupont.fr

Anne Detter-Leveugle