« Dans les épreuves de ma vie, Dieu ne m’a jamais abandonné » Thierry Gain 

Thierry Gain sera ordonné diacre permanent pour le diocèse de Luçon le 4 septembre prochain. Pour ce paroissien de Notre-Dame de la Forêt, qui habite Landeronde, travaillant dans le milieu de l’agriculture, cette future mission s’inscrira pleinement dans l’esprit de « Laudato Si ».

Originaire de Montbéliard (Doubs), il a emménagé dans le Nord de la France dès l’âge de 6 ans.  Sixième d’une famille de sept enfants, Thierry a découvert la foi par ses parents. « Une foi très simple, qui ne m’a jamais quitté. Nous prenions chaque jour un temps de prière en famille », se souvient Thierry. Les déménagements successifs liés au travail de son père le conduisent notamment en Afrique, pendant deux ans. Là encore, la communauté chrétienne reste un appui solide, dans le pays à majorité musulmane. Pendant ses études d’ingénieur à Lille, il ne lâche pas la pratique religieuse et rencontre, au sein de sa promotion, Christine, qui deviendra son épouse en 1993.

Leur arrivée en Vendée, pour leur recherche d’emploi, a été marquante à plus d’un titre pour le couple. Ils s’investissent au sein de divers lieux : la paroisse de Landeronde, le CMR, dans le potager extraordinaire ou l’association de parents d’élèves. Ils deviennent parents de deux garçons quelques années plus tard. Commence alors pour le couple une douloureuse période à partir de l’année 2000, que Thierry évoque avec retenue mais en vérité : « J’avais une addiction importante à l’alcool, qui a duré six ans. L’alcool détruit tout ! Il n’y a plus de relations sociales ; pour l’entourage, c’est une maladie honteuse, dont on ne doit pas parler. Cela a même failli avoir raison de notre couple, sérieusement mis en danger ». Thierry fait plusieurs cures de désintoxication mais rechute à chaque fois. « A un moment, même si je continuais d’aller à la messe, je ne voyais plus comment m’en sortir. J’ai crié vers Dieu pour qu’Il me sauve. Cela apprend à vivre l’humilité ; tout seul, on ne peut rien faire. C’est lorsque l’on se laisse faire que l’on peut s’en sortir ».

Grandir en couple dans l’épreuve

En 2006, il fait la connaissance de François Pépin, diacre à la Roche-sur-Yon, médecin qui qui accompagne les malades de l’alcool au sein des Pèlerins de l’Eau Vive. Thierry entrevoit alors la fin de cette période douloureuse. « Nous avons été aidés pour surmonter cette épreuve et que je puisse guérir de cette maladie », explique celui qui n’a plus bu une goutte d’alcool depuis 15 ans. « Lorsque je relis cette période, je vois bien que Dieu ne nous a jamais abandonnés. Il était présent, notamment par les prières de nos familles et de nos amis ». Pour Christine, « cette épreuve a permis de grandir ensemble et de se laisser guider par l’Esprit Saint. Nous sommes repartis sur de nouvelles bases ». Thierry ajoute : « Ces retrouvailles ont redonné à la vie un goût extraordinaire, une joie de vivre, une volonté de se mettre au service des autres ! ».

Au sein de l’association « Zéro degré », il témoigne de son parcours d’alcoolique abstinent, comme il le fait avec son épouse auprès des fiancés qu’ils accompagnent dans la préparation au sacrement du mariage dans l’équipe week-end du diocèse . « Cela touche beaucoup les gens, car nombreuses sont les personnes touchées par les addictions diverses. On a tendance à croire aussi que les couples chrétiens sont exemptés de difficultés… ! Nous témoignons ainsi que, dans les épreuves, Dieu œuvre et nous sauve ! ».

Transmettre l’amour de la Création

Désormais, Thierry travaille au sein de l’APAD, l’association pour la promotion d’une agriculture durable, comme chargé de mission. Il accompagne les agriculteurs, qui veulent travailler de manière plus respectueuse de la nature. En cela, l’encyclique du Pape « Laudato Si » le rejoint particulièrement. « Tout est lié, ne l’oublions pas ! Notre foi, notre travail, notre vie de famille ». La contemplation de la Création, d’abord dans son jardin joliment entretenu, a été un révélateur pour lui. « Je souhaite vraiment donner du sens à ce que je vis, à transmettre ce qui m’anime ».

Appelé il y a quelques années, Thierry s’apprête à devenir diacre le samedi 4 septembre prochain, en l’église de la Mothe Achard . Un cheminement qui l’a nourri et fait grandir, notamment dans la découverte de la prière des psaumes, des laudes et des vêpres, priées quotidiennement. A quelques semaines de son ordination, Thierry envisage ensuite de s’engager dans la démarche « Eglise verte » mais aussi d’être témoin auprès des personnes éloignées de l’Eglise, en les sensibilisant à l’écologie intégrale. « L’écologie aujourd’hui reste un beau moyen de touchers les personnes. Comme futur « ministre du seuil », j’aime rencontrer les gens là où ils en sont, et non pas là où on aimerait qu’ils soient ! ».

Anne Detter-Leveugle