diocèse de Luçon

Vie du diocèse
Catholique sen Vendée

Interview de Mgr Jacolin

La révélation des abus sexuels commis par Mgr Santier, évêque de Luçon entre 2001 et 2007, a profondément choqué les fidèles du diocèse et jeté le trouble chez les catholiques. Au cours de l’Assemblée Plénière des évêques à Lourdes, début novembre, ont aussi été révélés des faits commis par Mgr Ricard, ancien arche­vêque de Bordeaux, et ancien président de la Conférence des évêques de France. Mgr François Jacolin s’exprime sur ces sujets douloureux et répond aux questions que se posent les fidèles.

Monseigneur, que retenez-vous de cette Assemblée Plénière si particulière ? Beaucoup reprochent à la conférence des évêques et au Vatican un manque de transparence et de communication sur ces sujets…

Mgr Jacolin : Pour tous les évêques, cela a été un choc, une grande tristesse. A propos de Michel Santier, il a fallu chercher à comprendre comment sa situation a pu mettre plus d’un an avant d’être révélée. Cela nous a conduit à nous interroger sur la façon dont se passaient les relations entre le Vatican, qui prend les décisions lorsqu’il s’agit de cas concernant un évêque, et ceux qui avaient relayé les faits qui lui étaient reprochés, l’arche­vêque de Paris, puis celui de Rouen. Lorsqu’il s’agit d’un évêque mis en cause pour des abus, ce n’est pas à la conférence épiscopale de s’en saisir, c’est à l’archevêque dont il dépend et celui-ci en fait part au nonce. La cause remonte alors à Rome et ce sont les dicastères des évêques et de la doctrine de la foi qui sont saisis pour juger et communiquer la sentence. La justice, pour res­pecter les droits des personnes, doit passer par des pro­cédures précises. Sinon, on tombe dans des condamna­tions expéditives qui s’apparentent à un lynchage. Toute procédure demande du temps : pour discerner, enquêter, juger et puis sanctionner. Lorsqu’une procédure est rare, comme c’est le cas pour un évêque, on perd facilement l’habitude de cette procédure, ce qui peut conduire à une certaine confusion, entre ce qui relevait de Rome, et ce qui relevait du nonce apostolique et de l’archevêque de Paris comme ça été le cas dans l’affaire concernant Mgr Michel Santier. Bien-sûr il faut tirer les leçons de cette expérience malheureuse et améliorer l’efficacité des procédures pour qu’elles aillent sans se perdre en route jusqu’au bout de la vérité et qu’elles débouchent sur des mesures effectives. C’est ce dont nous avons inten­sément débattu à Lourdes pour ce qui dépend de nous, évêques de France.

Suite de l’interview dans :

Catholiques en Vendée N°213 Décembre 2022