Vicaire général du diocèse de Luçon

Édito de François Bidaud

«A QUEL SAINT SE VOUER ?»

Mgr Jacolin

Il est des jours où on ne sait pas à quel saint se vouer. Plus précisément, l’expression populaire peut résonner dans le cœur et l’esprit de beaucoup d’entre nous, quand la confiance est trahie, quand nos repères sont ébranlés. A qui se fier ? En qui avoir foi ? Ce 15 octobre dernier, Mgr Jacolin rencontrait les participants à la formation Ecclesia. L’enseignement délivré portait notamment sur l’Eglise sainte. Prétention déplacée ? idéalisme désincarné ? Idéal bafoué ? Comment entendre désormais cette expression de notre foi commune ?

 La sainteté originelle, c’est celle de Dieu, d’abord. Elle semble inaccessible, hors de portée, marquant une séparation du profane. Pourtant, dès la première alliance, Dieu se révèle, se porte à la rencontre du peuple d’Israël pour lui communiquer son salut, sa joie, sa paix. Dieu veut être reconnu comme saint, et l’art de célébrer le culte rend honneur à cette sainteté dans la foi. Plus encore, Dieu communique sa sainteté. Il choisit un peuple du milieu des nations et le rend saint, témoin de la sainteté de Dieu qui l’habite et le dépasse. Les prophètes appellent sans cesse à ne pas se satisfaire d’une sainteté qui serait pureté rituelle, mais bien d’une réponse de justice et d’amour traversant toute l’existence. Et le Premier testament décrit ces conversions tâtonnantes du peuple saint qui peine à être fidèle pleinement au choix de Dieu.

Jésus, Fils de Dieu fait homme est venu pour nous faire entrer dans la sainteté d’amour de Dieu même. Ainsi dans la prière dite sacerdotale en St Jean 17, avant d’entrer dans sa passion, et le don de sa vie, Jésus prie ainsi pour ses disciples : « Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux, je me sanctifie moi-même afin qu’ils soient eux aussi, sanctifiés dans la vérité. »

 Dieu en son Fils livre la Vie pour que sa sainteté nous transforme et forme ce nouveau peuple, cette communion des saints que notre évêque décrivait ainsi : « Cette communion aux choses qui sanctifient, c’est-à-dire les sacrements, en vue d’une communion de tous dans la sainteté, au sein de l’Eglise du ciel et de la terre, grâce à l’Esprit qui sanctifie et unit dans l’amour. » Depuis la mort et la résurrection du Christ, la sainteté de Dieu se communique en son Eglise par sa parole, par les sacrements dans l’Esprit Saint, c’est dire s’ils sont précieux. Seul l’Esprit Saint rend… saint, mais c’est un don à recevoir et à déployer tout au long de l’existence. Il appelle des choix faits en vérité.

 En cette fête de Toussaint, l’Eglise célèbre la sainteté de Dieu produisant des fruits de paix et de bonté, d’amour et de consolation, de miséricorde et de justice venus à maturité chez tant de personnes connues, reconnues ou inconnues pour nous, mais toutes réunies en Dieu trois fois saint. Je me tourne vers eux, ces frères et sœurs en humanité. Ils n’auraient pas estimé leur vie sainte, dans une profonde humilité, mais ils se savaient solidaires de cette Eglise sainte par grâce et appelée à l’incarner dans des paroles et des actes cohérents, dans ses jours de gloire comme dans ceux d’épreuves.

 En ces jours, cette communion des saints est source inspirante. Elle porte à la conversion ; elle fortifie l’endurance  ; elle entretient la flamme fragile de la foi ; elle rend possible la joie du don ; elle ouvre un chemin dans la nuit ; elle est promesse de bonheur indicible. Si depuis Vatican II, l’appel universel à la sainteté résonne de manière forte, si les papes successifs nous offrent tant de figures de sainteté, c’est pour nous les rendre accessibles dans notre marche, notre pèlerinage et offrir à portée de foi la communion des saints. A défaut de trouver à quel saint se vouer, en ces jours de Toussaint, invoquons-les tous ensemble… Saints et saintes de Dieu, priez pour nous !

« La communion des saints est source inspirante, elle porte à la conversion et fortifie l’endurance »

 

Abbé François Bidaud, vicaire général