Evêque du diocèse de Luçon

Édito de Mgr JACOLIN
Edito de Mgr Jacolin sur le Carême

Le jeûne, la prière et l’aumône

L’aumône, la prière et le jeûne, voilà les trois piliers traditionnels qui nous sont présentés par Jésus lui-même dans l’évangile du mercredi des Cendres comme efforts de conversion pour le temps du Carême. Remarquez comment ils correspondent à trois dimensions fondamentales de l’homme comme être de relation.

Partons du jeûne qui vise à nous purifier dans nos relations avec les choses de ce monde. Ce ne sont généralement pas des choses qui sont mauvaises en elles-mêmes : elles appartiennent à un monde qui a été reconnu « très bon » par son Créateur, et notamment la nourriture indispensable au maintien et à la croissance de la vie.

Non, le danger vient d’une relation faussée de l’homme avec elles, que ce soit la nourriture, la boisson, le jeu, le sexe ou toute autre addiction si habilement exploitée par les moyens techniques modernes : la publicité, les médias, internet… A nous d’être vigilants.

Mais que cet effort pour se libérer d’un enfermement dans les choses de ce monde ne fasse pas tomber dans un autre enfermement, celui d’un recentrement de soi sur soi auquel conduisent tant de propositions pseudo-spirituelles à la mode !

Pour cela, cultivons la prière qui nous décentre de nous-mêmes pour nous orienter vers Dieu, « plus intime que l’intime de moi-même et plus élevé que le sommet de moi-même », comme le dit saint Augustin. C’est donc dans cette relation avec Dieu, source et fin de toute vie, de tout amour, que nous pourrons devenir vraiment nous-mêmes.

Enfin le terme d’aumône nous renvoie à la qualité de nos relations avec les autres. Saint Jean nous le rappelle avec force : « Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu qu’il ne voit pas ». Mais qu’est-ce qu’aimer son frère ?

Là encore saint Jean nous avertit : « N’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité ». En suivant Jésus, lui qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude », nous apprenons à aimer véritablement les autres, en nous rendant proches des plus démunis et en nous mettant à leur service jusqu’à trouver la vraie joie en partageant fraternellement leur vie.

Dans ce numéro précisément, vous trouverez un reportage donnant la parole aux acteurs de la « diaconie », aux quatre coins de la Vendée, qui témoignent de leur engagement auprès des plus pauvres tout au long de l’année.

Pratiquer le jeûne, la prière et l’aumône, c’est bien. Mais Jésus nous met en garde contre le risque « de l’accomplir devant les hommes pour (nous) faire remarquer ». Alors suivons son encouragement à vivre l’aumône, la prière et le jeûne avec un esprit de gratuité et de discrétion en lien avec notre « Père qui est présent au plus secret ».

C’est dans cette relation avec Dieu, source et fin de toute vie, que nous pourrons devenir vraiment nous-mêmes.

François JACOLIN

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